bédailly témoigne

J'étais dans un collège privé et la seule noire dans ma classe pendant toute ma scolarité. Dès que j'avais de bons résultats, les autres élèves me demandaient comment moi, une noire, je pouvais avoir une bonne note. En classe de troisième, une fois où j'avais eu une mauvaise note, le professeur a dit devant toute la classe : "Ah voilà votre vrai niveau !"
Au lycée, le racisme des professeurs étaient terrible. Une enseignante d'histoire-géographie a dit un jour en classe que : "Les Africains, dès qu'ils trouvent une baguette de pain, ils font le tour du village pour montrer qu'ils se sont occidentalisés et pour prouver qu'ils sont riches à présent"... Toute la classe a ri et moi, la seule noire dans la classe, ma douleur était terrible. Je me suis sentie traînée plus bas que terre.
Une autre fois, on étudiait la mixité et un élève a dit qu'il n'aimait pas les asiatiques. Ma prof d'espagnol a répondu devant toute la classe : "C'est vrai que toutes les autres races veulent nous ressembler. Tenez par exemple, j'ai un ami noir qui a épousé une femme blanche et qui dit partout que sa femme est une vrai richesse chez les noirs". Comme si ça ne suffisait pas, elle a rajouté : "Les hommes noirs souhaitent tous se marier avec des femmes blanches car ils aiment pas leur couleur de peau. Tout le monde veut avoir la peau blanche". Et moi, la seule noire dans la classe, tous les élèves me regardaient, c'était terrible...
En classe de terminale un professeur de sciences économiques et sociales a dit : "Je ne comprends pas pourquoi les noirs sont en retard partout, ils ne sont même pas présents dans le commerce international alors que les asiatiques, eux, sont intelligents et apprennent vite"...
Plus récemment, à l'hôpital, alors que je venais de subir une opération et que je voulais rentrer chez moi le soir, le médecin est arrivé en criant dans le couloir : "Ah c'est la Black, ah c'est la Black, qu'est-ce qu'elle veut la Black ?". Puis dès qu'il est entré dans ma chambre, il a ajouté pour faire rire les infirmières qui étaient avec lui : "Ce sont vos cheveux que vous avez sur la tête ? Non sérieusement... D'habitude les gens comme vous n'ont pas de cheveux..." J'ai tellement eu mal ce soir là, et j'ai encore mal aujourd'hui, car j'ai compris qu'on pouvait avoir à mon égard des propos racistes et que personne ne me défendrait, trouvant au contraire cela normal et drôle.