Des caricatures de Christiane Taubira la comparant à un singe aux insultes proférées à l’encontre de la nouvelle Miss France « pas assez blanche », des amalgames contre les Roms aux propos islamophobes, l’expression du racisme sur Internet explose. Sur les forums et les réseaux sociaux, les inhibitions disparaissent et les pulsions se déchaînent. Pour que la toile ne devienne pas seulement un défouloir de la haine de l’Autre, des outils et des initiatives existent.
Signaler et réagir
Depuis 2009, le ministère de l’Intérieur a mis en place un service en ligne via son site internet-signalement.gouv.fr, permettant de signaler des contenus illicites, incluant les injures et diffamations racistes, l’incitation à la haine raciale ou provocation à la discrimination de personnes en raison de leurs origines. En 2012, la police nationale a ainsi reçu près de 10 000 signalements de contenus xénophobes via son site.
Les acteurs de la lutte contre le racisme s’approprient aussi les nouveaux outils de communication. La Licra, Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, a par exemple créé une application mobile. L’app’Licra est gratuite et téléchargeable sur les smartphones et IPhone. Elle propose plusieurs services : géolocalisation et effacement des tags et inscriptions racistes (en collaboration avec les services municipaux des villes), une assistance juridique d’urgence (droits, conseils, réflexes à adopter, accès direct aux informations indispensables), un guide pour les témoins d’injures, d’agressions ou de discriminations racistes, des ressources pédagogiques et un fil d’information. (http://www.effaconsleracisme.org/ )
La fin de l’impunité sur les réseaux sociaux ?
L’anonymat en ligne favorise le sentiment d’impunité sur les réseaux sociaux. Des décisions récentes attestent que la justice française agit en faveur d’une responsabilisation des internautes et des opérateurs.
Suite à une déferlante de tweets antisémites en octobre 2012 reprenant les mots clés #unbonjuif et #unjuifmort – plus récemment #SiMaFilleRamèneUnNoir -le Tribunal de Grande Instance de Paris a ordonné en janvier 2013 à la société américaine Twitter de communiquer les données en sa possession, permettant l’identification des auteurs de ces propos. En cas de non-exécution, l’opérateur devra payer 1.000 euros par jour de retard, passé un délai de quinze jours. Le Tribunal s’appuie sur les propres règles de Twitter, qui précisent : « les utilisateurs internationaux acceptent de respecter toutes les lois locales concernant la conduite en ligne et le contenu acceptable ». Le tribunal relève aussi que « les utilisateurs dont l’identification est recherchée sont justiciables de la loi pénale française », au sens de l’article 113-2 du Code pénal. Twitter a aussi récemment intégré la possibilité de signaler des propos illicites dans ses fonctionnalités.
Autre exemple, en février 2013, Julien Sanchez, conseiller régional FN du Languedoc-Roussillon a été condamné par le tribunal correctionnel de Nîmes à 4.000 euros d'amende, dont 1.000 euros avec sursis, pour avoir laissé publier sur son mur Facebook en accès libre des commentaires racistes de deux internautes. Les deux auteurs des commentaires, Stéphane Baudet et Laurent Roux, ont écopé chacun de 4.000 euros d'amende, dont 3.000 avec sursis.
Nombreux sont les internautes qui n’hésitent pas à contester des propos outranciers. Certains médias tentent aussi de fédérer cette indignation collective. Le quotidien Libération a ainsi créé une page facebook intitulée « Injures racistes, incitations à la haine ASSEZ » qui a recueilli plus de 40 000 likes.
Crédit photo : Millerand