Anonyme témoigne
Quand j'étais petite, la maitresse me haïssait. Je comprenais bien sa douleur : son fiancé avait été "envoyé à la guerre d'Algérie à cause de nous". Du haut de mes 7 ans, même si je ne comprenais pas bien ce qu'elle attendait de moi, je sentais bien que ce vide la rongeait. Je me sentais coupable de son malheur. Et encore plus lorsque son fiancé est mort là bas-bas. Voici un des souvenirs qui font mal longtemps.
La maitresse a plaqué et fixé mon cahier ouvert dans mon dos. Tout le monde peut voir les pâtés d'encre et mon orthographe hésitante. J'ai du passer dans toutes les classes de l'école des filles et de celle des garçons. Frapper aux portes, entrer, me retourner et dire : "regardez comme je suis sale, regardez comme les arabes sont sales".