Mathilde témoigne
Martiniquaise, étudiante à Paris depuis 3 ans, le racisme je l'ai connu j'avais 8 ans. Dans la cour de récré, une petite fille Blanche m'a dit "ne touche pas mon chemisier BLANC, avec tes mains NOIRES, tu vas le salir". C'est ce jour là que j'ai compris que tous les humains n'étaient pas pareil et que la couleur de peau pouvait compter. Mais c'est à Paris que j'ai vécu le pire ! Un jour, l' un des étudiants de ma promo m'a demandé s'il pouvait toucher mes cheveux car il n'avait jamais touché les cheveux de noirs (ce sont ses mots), j'ai eu la sensation d'être une bête curieuse. Une autre fois, c'était deux personnes âgées qui parlaient de moi, sans en être gênées. Elles disaient que les Noirs n'étaient pas des humains comme les autres et qu'il valait mieux éviter de les fréquenter. Le pire que j'ai vécu jusqu'ici c'est dans ma recherche de logement, mon dossier était impeccable jusqu'à ce que les propriétaires entendent mon accent antillais, subitement mon dossier devenait inexploitable. Sans compter sur les stéréotypes immortels sur mon île, d'après certains nous n'avons pas d'électricité, nous vivons dans des cabanes sur la plage, Internet n'existe pas et nous allons à l'école à dos d'éléphant. Et ce dernier point vaut même dans les administrations, à la Poste / la Banque, plusieurs employés m'ont clairement indiqué que la Martinique c'était "l'étranger". J'ai envie que ça cesse, qu'on arrête de faire des différences sur une couleur de peau ou sur des origines.