Le Harcèlement Scolaire c’est quoi ?

Chiffres Clés

EN FRANCE :
 

 

 


ET A L'ETRANGER ?

Dans le dernier chapitre du documentaire "Souffre-douleurs: ils se manifestent", Jacky, 19 ans dit « En France, on est très en retard dans la lutte contre le harcèlement. La première campagne date de 2011 alors que certains pays comme le Canada, la Finlande, l’Angleterre ont un programme depuis 20 ou 30 ans ».

Effectivement, c’est en 1983, en Norvège, que fut lancée la première campagne de prévention à l’initiative de Dan Olweus.

Dès 1994, en Grande-Bretagne, un « pack anti-bullying » (anti harcèlement scolaire) est distribué gratuitement aux écoles. Intitulé « Don’t suffer in silence - Ne souffre pas en silence - », il est composé d’un guide théorique et d’une série de vidéos illustrant différentes situations de harcèlement. En 1998, suite à une série de suicides d’adolescents, le gouvernement de Tony Blair fait adopter une loi d’orientation et d’éducation qui oblige tous les établissements à mettre en œuvre des mesures de prévention contre le harcèlement.

En Finlande, ce sont deux « school shootings » (massacres de masse dans des écoles) en 2007 et 2008, commis par des jeunes gens harcelés, qui ont poussé le gouvernement a réagir.

Du coup, depuis 2009, les ¾ des écoles et collèges ont adopté le programme KIVa, mis au point à l’université de Turku par deux chercheuses en psychologie. Son idée maîtresse : aider les enfants témoins d’actes de harcèlement à briser le silence et casser le phénomène de groupe en montrant leur réprobation et en soutenant la victime.

Une fois par mois, élèves et enseignants se retrouvent autour d’une sensibilisation basée sur des discussions, des travaux en groupe, des projections de courts-métrages et des jeux de rôle. Lorsqu’un cas réel de harcèlement est signalé, une « équipe d’intervention », composée de trois adultes de l’établissement formés et d’un professeur de la classe, interviennent. Ils organisent des discussions individuelles et en groupe avec la victime et les harceleurs. Le professeur propose aussi à quelques élèves volontaires de la classe de soutenir l’élève victime. Evidemment, des réunions de suivi sont prévues pour s’assurer que tout est rentré dans l’ordre. Le programme Kiva, dans lequel l’Etat a investi plus de 4 millions d’euros, a remporté le Prix Européen de prévention de la criminalité.

Selon, Eric Debarbieux, délégué ministériel, chargé de la prévention et de la lutte contre les violences scolaires, interrogé dans Le Point en février 2013, ces deux pays ont réussi en 10 ans à faire diminuer de moitié les phénomènes de harcèlement scolaire.

Dans les années 1990, l’Australie, a elle généralisé une autre méthode, celle d’Anatol Pikas.

Ce professeur en psychologie suédois estime d’abord que les élèves harceleurs ne sont pas forcément des petites brutes et pense que le harcèlement scolaire est plus une affaire de groupe. Sa certitude : les sanctions ne servent à rien, pire elles sont contre-productives car l’élève sanctionné va se venger et continuer à harceler de manière plus discrète et plus subtile.

Du coup, il a mis au point une méthode non blâmante basée sur des entretiens entre un adulte et les agresseurs. Des entretiens individuels où l’adulte assure qu’il n’est pas là pour punir, mais demande au harceleur « qu’est-ce qu’on peut faire pour que ça se passe mieux ? ». L’objectif est donc que la solution vienne des harceleurs.

Depuis, la méthode Pikas est aussi utilisée en  Espagne , au Canada… Et en France au lycée Descartes de Cournon, près de  Clermont-Ferrand, grâce à l’impulsion de Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et Bertrand Gardette, CPE.

Pour appliquer au mieux cette méthode, ils ont aussi eu l’idée de monter deux groupes, deux sortes de « brigades anti-harcèlement ». L’une composée d’une douzaine d’élèves volontaires qui vont pouvoir faire remonter les cas de harcèlement sans être traités de « balances » (le chef d’établissement sensibilise l’ensemble des lycéens au début de chaque année). L’autre composée de quatre adultes de l’établissement qui vont se charger du traitement selon la méthode Pikas. Selon Bellon et Gardette, il faudrait populariser ce type de méthodes en France. Pour l’instant, seules certaines associations comme la leur (A.P.H.E.E, Association pour la prévention de phénomènes de harcèlement), le font bénévolement.