Lily témoigne

Je me suis longtemps reniée et sentie anormale. J'avoue que ce jugement assez sévère venait surement des dires que j'entendais du côté paternel (la joie des croyants homophobes) et des différentes insultes qu'on entendait dès le plus jeune âge, que ce soit à l'école primaire ou au collège. "Pédé", "sale homo" qu'ils disaient en insultant leurs camarades, sans même savoir ce que cela voulait réellement signifier.
La société nous apprend qu'avoir une orientation sexuelle et une identité différente de la norme (parce qu'il est important de préciser que, oui, il suffit d'ouvrir un manuel pour enfants ou un magazine pour se rendre compte qu'il y a très peu, voir pas du tout, de couples autres qu'hétéros, d'hommes en robes et maquillés ou de femmes à barbes) est quelque chose à cacher, voir même à complètement blasphémer.
C'est malheureusement à dire mais j'ai eu la chance de n'avoir pour le moment que des propos homophobes venant de mes parents, aucun harcèlement sexuel ou de propos injurieux en public. C'est horrible de se dire que marcher dans la rue main dans la main avec ma copine n'a eu que pour seule conséquence des regards curieux et des malpolis qui s'arrêtaient de marcher pour nous dévisager un peu plus, alors que deux hommes qui marchent main dans la main s'attirent des crachats, des insultes, des coups voir même la mort. Eh oui, voir deux femmes s'embrasser en excitent plus d'un et voir deux hommes s'embrasser en dégouttent certains, apparemment. Nous pourrons toujours dire que les mentalités évoluent mais le sexisme, l'homophobie, la transphobie et toute autre forme de discriminations existent encore, et pas qu'un peu.
Sachant que je ne suis pas encore majeur et que c'est encore tout récent pour moi, je suis rentrée dans une profonde dépression durant deux ans "à cause" de ça. A cause de cette pression que nous apporte notre entourage, de cette sensation permanente de se sentir obligée d'être quelqu'un d'autre que nous pour être heureux. Mon coming-out a déjà eu lieu en partie, et j'ai eu le droit aux fameux "ah c'est marrant", "c'est une phase, ça va passer", et pour finir le "j'ai honte d'avoir un enfant comme toi". Des paroles très dures à entendre quand ce sont des personnes auxquelles nous tenons beaucoup qui les prononcent. Elles ne se rendent pas forcément compte de l'impact que ces mots peuvent avoir, que ce soit à court ou à long terme, ni du courage et du temps qu'il nous a fallu pour enfin leur avouer notre orientation. Je crois que quoi qu'il en soit, mes parents n'y croient toujours pas et mon père coupera tout contact avec moi d'ici quelques années.

Pour ma part, j'aurai le droit à deux coming-out, un second pour mon orientation sexuelle et un autre pour mon identité du genre.

J'espère qu'il arrivera un jour où nous serons acceptés et aimés pour ce que nous sommes, et nous pas pour ce que les autres veulent que nous soyons. Ne changez pas pour votre entourage, mais changez pour vous et pour devenir la personne que vous voulez être. Vous verrez que vous en sortirez plus forts et que les propos homophobes ne vous toucheront même plus.